Je me dissémine

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4 août - Locronan -> Douarnenez

Ce matin le groupe est d’une vingtaine de personnes pour le parcours entre Locronan et Douarnenez. Yolande, Pascale et Sylvain sont toujours avec nous et nous sommes heureuses d’accueillir Nicolas pour cette dernière étape vers l’océan.

Sur un parking encore vide avec vue à la sortie de Locronan, Julie propose une pratique d’accumulation de gestes pour se présenter en mouvement. Sylvain nous invite à préparer notre corps avant de nous mettre en route.

Cercles et axes 
En solo, debout : sentir le poids de son sacrum, l’axe vertical qui le relie au sol, le détendre. Dessiner un cercle avec son bassin. Amener ce cercle au niveau des épaules, l’axe devient horizontal, faire des cercles autour cet axe. De petits cercles, d’une ampleur qui reste confortable.

Du tapotement au mouvement 
Se mettre par deux, une personne tapote et frotte le corps de l’autre. Peu à peu le corps tapoté et frotté se met en mouvement suivant les impulsions proposées par son partenaire. Puis on échange. Pour finir les duos se rencontrent, les impulses et les mouvements passent d’un corps à l’autre. Chacun est simultanément toucheur et touché.

Regardé et être regardé  
Tu montres une partie de ton corps à un élément de l’environnement. Une partie de ton corps regarde un élément du paysage et il est regardé par cet élément : « Mes ovaires regardent un caillou, et le caillou regarde mes ovaires  », «  mon diaphragme regarde la cime du châtaignier, la cime du châtaignier regarde mon diaphragme  » … Dans le même temps, imagine que le paysage te regarde, tu es vu.e à 360 degrés. Constituer ces liens multiples crée un état d’écoute et de porosité avec le paysage qui nourrissent nos danses.

Après la préparation du corps, on danse en file sur la route pour retrouver le début du GR, et on en profite pour expérimenter « regarder le paysage et être regardé par lui » tout en avançant.
A l’entrée du bois du Nevet, nous reprenons en trio l’improvisation 1 danseuse-1 comteuse-1 témoin/sonorisateur. Plongé de 30 min par personne dans ce lieu magnifique et très moussu.

A la pause déjeuner Sylvain Prunenec fait le récit de son voyage
Un voyage de plusieurs mois ponctué par des danses dans l’espace public, motivé par une quête de sens, une recherche de renouveau… Ce voyage a donné lieu à une création artistique « Être milieu des milieux ».

”D’abord : préparer des danses écrites chez moi sans rien avoir à demander à personne. Choisir de disposer 2 métronomes pour esquisser une sorte de scène dans l’espace public. Puis partir sur les routes : danser sur des places de villes en France dans différentes régions.”

Pour Sylvain, ces danses ont surtout un intérêt quand elles rentrent en lien avec les personnes et activités autour : une enfant en skateboard qui s’arrête pour le regarder, un homme qui lui demande s’ils peuvent improviser ensemble. 

Le voyage se déploie à l’étranger, l’intention est de suivre le 48e parallèle. L’expérience est intense : se perdre, se laisser aspirer par le paysage, devenir une proie pour un essaim de mouches, se sentir fragilisé par la situation, sensation que la nature vient à moi plutôt que moi à elle.

Quelle relation a la nature avec nous ? Les végétaux s’en foutent.

Pour les animaux nous pouvons être une nourriture potentielle comme pour les moustiques ou un objet de curiosité ou de peur pour des biches…

Comment chaque parcelle de mon corps est regardée par le milieu ?
Se sentir regardé à 360 degrés.
Lenteur, durée de la marche en nature en dehors des sentiers : “mon corps se dissémine en milliards de gouttes d’eau, il se fond dans le décor, il disparaît le long du 48e parallèle.”

 

Se parer, devenir créature

Après le déjeuner, nous reprenons la farandole de créatures en nous inspirant du dessin d’Alice Panziera. Pour commencer, on collecte des végétaux et on se crée une parure, on fixe des fleurs, des branches, des feuilles, de la mousse dans nos chignons, nos ceintures, nos shorts, nos chaussures. On se crée des extensions corporelles, de longues houppes, de larges queues… Et on se met en mouvement : comment se déplace ma créature ? Quel rapport a-t-elle avec les autres ? Qu’est ce qu’elle mange ?

Sur GR38, à travers forêt, champ et le long des routes, nous donnons vie à cette farandole de créatures fantastiques. Une famille nous a rejoint pour cette portion du parcours, les enfants sont en joie, ils nous suivent ou nous précède en dansant. Ils auront rarement autant marché. 

Se fondre dans l’eau de mer

Mer en vue ! Douarnenez est là.
Nous descendons le sentier côtier. La farandole atteint la plage, les parures sont offertes à l’eau salée, nos corps pénètrent dans l’eau fraiche avec ravissement. Ils se défroissent.

Le très beau gîte des Plomarc’h nous attend juste un peu plus haut.

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