Le projet

Danse Passante

9 — 22 juillet 2022

Une manifestation poétique de Nantes à Redon

 

A l’été 2022, la bande repart arpenter les chemins de halage le long du Canal de Nantes à Brest jusqu’à Redon et vous invite à la rejoindre.

Provoquer la rencontre, sillonner le territoire, délier les corps et voix, les sens, se réapproprier la danse collectivement à l’extérieur, dans un espace public vivant et partageable. 

Expérimenter, cheminer et faire corps ensemble en parcourant paysages et environnements pour ressourcer tant les pratiques que les imaginaires. 

C’est l’invitation faite par cette « bande de passantes » composée d’une quinzaine de danseuses, chanteuses, penseuses, rêveuses. 

Embarquez pour cette deuxième édition curieuse et savoureuse de Danse Passante

77 kilomètres de danse sur une scène inhabituelle, extérieure, mobile, paysagée, ouverte, naturelle.

Danse Passante, une expérimentation pour éprouver, tester un dispositif, des distances, les relations aux publics et aux partenaires territoriaux.

Expérimenter les désirs de partages de gestes, de musiques et de chants, de débat sur la place des corps dans la cité et dans notre quotidien.

L’itinéraire

 

Samedi 9 juillet - 7km
Écluse de Quiheix > Le Plessis Pas Brunet à Nort-sur-Erdre

Dimanche 10 juillet - 11,5km
Le Plessis Pas Brunet à Nort-sur-Erdre > Étang du bout de bois à Héric

Lundi 11 juillet - 12,5 km
Étang du bout de bois à Héric > Port de Blain

Mardi 12 juillet - 1km
Rue du marché > Quai Surcouf, Blain

Mercredi 13 juillet - 9,5 km
Quai Surcouf, Blain > Écluse de Barel, Guenrouët

Jeudi 14 juillet - 6,5 km
Écluse de Barel, Guenrouët > Écluse de Melneuf, Guenrouët

Vendredi 15 juillet - 6,7 km
Écluse de Melneuf, Guenrouët > Rue du port, Guenrouët

Samedi 16 juillet - Repos

Dimanche 17 juillet - 11,2 km
Rue du port, Guenrouët > Maison du canal, Rue de Pont-Miny, Fégréac

Lundi 18 juillet - 4 km
Maison du canal, Rue de Pont-Miny, Fégréac > Espace culturel La Forge, Fégréac

Mardi 19 juillet - 11,1 km
Maison du canal, Rue de Pont-Miny, Fégréac > Quai de l’écluse, Saint-Nicolas-de-Redon

© Cartes réalisées grâce à la la collaboration de Alice Panziera (dessins) de MAP[Paysagistes] et Anne Vanwynsberghe (graphisme)

DANSE PASSANTE vous est ouverte.

Chacun.e y est bienvenu.e pour une demie-journée, une journée ou plus :
marcheurs, marcheuses, adultes, enfants, cyclistes, oiseau, chat, danseur.eu.ses, musicien.ne.s, chanteurs, chanteuses, touristes, curieuses, habitants…
On peut y danser, la regarder, l’écouter, la laisser passer, y jouer de la musique, y chanter…

Nous espérons qu’une dissémination des gestes, des musiques, des mots et des regards se fera naturellement et simplement.
Les membres de la bande Danse Passante partageront leurs pratiques et leurs imaginaires, leurs mots. Les vôtres sont aussi bienvenus.

 

Pourquoi?

Déployer la danse autour de la notion du lien, renouer avec ce qui fait sens, repenser son rapport au territoire foulé et à l'histoire qu'il dévoile ou évoque. 

Se reconnecter à soi, aux autres, au dehors. 

De chemins de halage aux détours forestiers, de paysages industriels en pauses ombragées, vous êtes bienvenu.e.s dans cette aventure artistique et humaine pour faire jaillir la poésie intemporelle du mouvement et du collectif.

Nous désirons ouvrir ici un espace-temps pour partager des gestes porteurs d’histoires et d’attentions et valoriser l’expérience sensible au cœur de ce qui nous traverse.

Penser nos pratiques de danse contemporaine dans ce contexte de façon nomades et partageables nous offre aussi les occasions de transposer nos imaginaires dans le paysage et dans le collectif retrouvé.

 

A l’origine

Des phénomènes impromptus et collectifs dansés ont de tous temps rassemblé.
Des « épidémies de danse », repérées du moyen-âge au XIXe siècle émergeaient notamment lors de périodes de répressions. D’autres formes existent et s’inventeront toujours.

Parce que danser librement dans l'espace public est assurément un acte politique, DANSE PASSANTE propose un parcours à s'approprier simplement et collectivement, dont les reliefs nourriront durant 2 semaines les danses.

« Il n’y a rien de plus sérieux aujourd’hui que de devenir capable, à notre tour, d’inventer collectivement des dispositifs qui nous protègent à la fois du désespoir et du cynisme, comme des paroles qui suspendent le cours habituel des choses et (re)créent du possible. »

Starhawk, Rêver l’obscur. Femmes, Magie et Politique (Cambourakis, 2015) traduction rééditée de Dreaming the Dark: Magic, Sex and Politics (1982).


Imaginaires, points de départ

Un échange côte à côte entre vivants, un espace pour imaginer ensemble des futurs désirables, se raconter des histoires et se les représenter.

 

Dans la période actuelle si particulière pendant laquelle les corps en mouvements sont contraints et la danse souvent vue par l’intermédiaire des écrans, le désir est fort pour les danseur.euse.s de reprendre des expériences de partage avec les habitants.

Danse passante est une forme de réponse à ce désir fort.
Début 2021, la chorégraphe Julie Nioche a partagé cette idée d’aventure dansée à un collectif de collaboratrices .
Avec A.I.M.E. et depuis mars 2020, elle initiait des projets in situ, hors théâtre, pouvant se partager en petit comité, en espace “protégé”.

Il s’agit toujours de pister les interstices pour persévérer dans la spécificité de l’art vivant : l’expérience sensible partagée en un espace-temps commun.

Danse passante est un retour à l’espace, ouvert, public, vaste, naturel.

Photo ci-dessus : la procession dansante D’echternach / Henry Neige - Nouvelle iconographie de la Salpétrière © Catalogue de l’exposition Danser brut, Editions LaM 2018.

Notre imaginaire pour Danse passante a été puisé dans les histoires vraies d’”épidémies de danses”. Certaines périodes de grandes répressions et de restrictions ont été des contextes d’apparitions de celles-ci en Europe depuis le moyen-âge et ce jusqu’à la fin du XIXeme siècle. On peut citer : la Tarantelle, en Italie du Sud, le Mal des ardents en France et aux Pays-Bas, la procession dansante d’Echternach, la dansomanie…
Ces danses qui pouvaient toucher jusqu’à des milliers de personnes et se répandaient parfois sur plusieurs pays étaient des manifestations de résistance à la domination exercée tout en favorisant la transmission d’un patrimoine. Elles sont à l’époque considérées comme l’opération du diable, ou l’expression de la folie. Dans le catalogue de l’exposition 1518, la fièvre de la danse, il est relevé que ces manies de danse sont “une suspension momentanée de l’ordre établi qui continue d’interroger nos constructions sociales”.

Dessin ci-dessus : une vision de Danse passante imaginée par Alice Panziera © juin 2021

Danse Passante est aussi une des déclinaisons de PODERE projet artistique polymorphe initié par Julie Nioche à partir de 2020.
PODERE signifie “être capable” en latin populaire. Avec ce projet, il s’agit d"‘expérimenter plusieurs manifestations du “pouvoir du dedans”. C’est le pouvoir décrit par l’écrivaine, militante écoféministe Starhawk dans son ouvrage Dreaming the Dark (Rêver l’Obscur - 1982). Cette sorcière néopaïenne de 70 ans aujourd’hui nous y raconte avec vivacité le pouvoir existant en chacun, la puissance des actions collectives et des savoirs du corps.