Jour 6
8h-11h
Ce matin, c’est travail perso.
Chacune précise le projet proposé par Isabelle et Milena la veille : une correspondance adressée à une personne qui ne peut pas être avec nous durant le périple.
Cette correspondance peut prendre la forme d’une lettre ou d’une pratique guidée enregistrée, ou une autre forme transmissible.
11h24
Dans le cercle de nos tapis de yoga on partage notre météo personnelle.
La surface de l’eau est trouble mais les courants en profondeurs sont puissants. LisaMétéo incertaine, tempêtes à venir ou passées. Avec de belles éclaircies au large. Anne
Corps compact mais l’esprit et l’âme légers, aériens. Isabelle
Aujourd’hui c’est le premier jour de Laurie, elle nous a rejoint hier soir.
Nous accueillons aussi Anne, Bérangère et Fabrice.
Jean-Marie continue de nous accompagner avec ses instruments à chaque instants.
12h04
Arianna et Julie ont préparé cette journée.
Pour cette mâtinée on pratique sur place, c’est à dire au pied de la Maison du canal de Pont-Miny où nous avons passé la nuit.
Arianna nous propose les yeux fermés, de percevoir les sons depuis l’intérieur de nos corps jusqu’à la ville de Rieux, que nous atteindrons ce soir, et retour. Un moment subtil et poreux.
Puis on marche dans le cercle de tapis, regards qui se croisent, déroulé des pieds. On inspire et expire sur un pas puis sur deux……. jusqu’à douze et retour progressif à 1.
Ca fait du bien dans le cercle de s’attarder aussi sur les visages connus et moins connus, comme paysages en mouvement.
12h30
Chacune partage avec le groupe son projet de correspondance.
A qui j’adresse ma pratique, ma lettre?
Elvira écrit à Rafael, prisonnier politique au Chili suite à la répression de la révolution de 2019. Elle lui propose un voyage imaginaire depuis nos pérégrinations le long du canal.
Arianna écrit à Régine, la grand-mère de Julie, qui vient de quitter sa maison pour habiter un appartement thérapeutique à Douarnenez.
Puis on chante. On invente avec Jean-Marie notre chanson du jour en jetant des mots sur son tambour.
« Jubilations! Poisson-Chat! Nos muses! Nos muses! Cadencé, Cadencé! »
On mange à 13h30. Faim Faim Faim.
14h45
Julie et Arianna nous réchauffent les articulations avant de nous faire la proposition qui va impulser l’après-midi de danse passante: elles proposent de s’inspirer de la farandole de créatures dessinées par Alice Panziera, l’autrice du dessin de l’affiche de Danse Passante.
Danse Passante dessin d’Alice Panziera
On choisit chacune et chacun une des créatures.
Sur le chemin qui nous sépare du prochain pont on l’habille, on la pare des éléments du paysage qu’on collecte.
On invente sa manière de danser, d’être, de communiquer.
Qu’est-ce qu’elle mange?
Où dort-elle la nuit?
Est-ce qu’elle marche en binaire? En ternaire?
En 5 temps ou en 7 temps?
Est-elle un monstre ielle ?
On se met en route en chantant les sirènes.
16h03
On se retrouve sous le pont, la métamorphose réalisée.
Arianna et Julie nous donnent la suite des consignes.
Nous irons jusqu’au belvédère de la carrière de Rieux:
La farandole.
Elle avance. Elle est solidaire.
Elle est comme un gros animal composé de petits animaux.
Elle prend en compte le paysage et les gens qui passent.
Elle prend en compte le MILIEU dans lequel elle se trouve.
Elle est parfois unigeste.
Elle chante toute ensemble. Elle produit de la cacophonie.
Elle fait révérence à chaque rencontre.
ARRIVEE en haut du Belvédère : PAUSE et SILENCE.
Sur le chemin les passager de la péniche Cap-Vert sont notre première rencontre. L’un d’eux agite ses deux mains vers nous jusqu’à ce qu’il disparaisse sous le pont.
Les révérences des créatures allument des sourires sur les visages qu’elles croisent, des occasions de rencontres.
Au kilomètre 85 la farandole prend d’assaut un tractopelle esseulé et s’offre un concert de tôles et de chenilles.
Au kilomètre 86 le tendeur du vélo d’Aurore lui saute à la figure. Heureusement ses lunettes sont intactes!
On chante beaucoup, on crie, on parle oiseau, baleine, on devient monstrueuses.
17h50
Arrivée au belvédère.
On grimpe au sommet. Le point culminant de notre trajet.
On dépose les chants, les cris, on s’offre du silence.
En descendant on se dépouille de nos parures et on retrouve nos corps d’origine.
18h16
Arrivée à l’écluse des Bellions et à la confluence du canal et de la Vilaine.
Le canal entre dans la rivière par la toute petite porte de l’écluse.
Laurie, Lisa et Elvira tentent d’attirer les bateaux qui croisent au milieu de l’eau pour traverser sur l’autre rive.
En vain.
18h30
Anne propose une série d’étirements dans l’herbe près de l’écluse. Trois gouttes de pluie rafraîchissent la fatigue des corps.
C’est l’heure de rejoindre le gîte.
Nous remercions et saluons nos compagnonnes et compagnons du jour.
Jean-Marie repart vers Douarnenez et d’autres aventures. Merci pour la musique et bien d’autres choses.
Covoiturage jusqu’au gîte du Lot où nous attendent Léon Blum, le paon qui tousse et Renée la propriétaire qui a laissé sur les tables des bouquets de fleurs magnifiques.
On se rassemble pour faire le point autour d’une table en pierre.
Anne nous quitte demain et partage ses envies de retraverser certains mouvements de la Danse Passante.
On ouvre les bières et les paquets de chips.
C’est la fin de la journée, on commence à préparer la suivante.
Il est 20h30.